"Une autre histoire"

Voilà :



Mira était née dans une famille sans miroir et sans histoire. La vie coulait de source sûre.
Puis un jour, déambulant dans un magasin d'antiquités, elle tomba en arrêt devant un miroir. Mira contempla son reflet dans le miroir. Elle joua un moment à faire des gestes en observant son image faire les mêmes. Elle sourit puis rit d'elle-même.
Calmée, elle remarqua le cadre qui ornait le miroir. D'un aspect ancestral, il était gravé d'un langage oublié. Fascinée par ces signes, Mira se renseigna auprès de l'antiquaire qui lui dit qu'il existait une légende racontant que seule la personne concernée saurait lire les messages du miroir. Celui-ci était donc à la fois secret et magique.
Mira reporta son attention sur le miroir comme si celui-ci l'appelait. Un rayon de soleil tomba sur un signe précis du cadre comme pour indiquer une direction, un départ. Ce fut pour Mira un déclic. Dans son esprit, la traduction se fit : elle lui donna l'impression d'une communication télépathique.
Mira lut alors à voix haute ce que le cadre lui disait. Sitôt le dernier mot prononcé, la surface se changea en brume. Puis, une scène apparut à travers la brume qui se dissipait progressivement.
Elle distingua une cérémonie de mariage où elle reconnut intuitivement ses grands-parents. En fait, c'était une double cérémonie où se marièrent ses 4 grands-parents. Le "décor" était une forêt luxuriante où une coquette clairière était née, cerné d'une chute d'eau. Celle-ci, sans être gigantesque était de belles proportions.
Le miroir ne laissa pas Mira assister à toute la scène mais lui montra l'emménagement des voisins puis la constructions de la maison de ses parents.
Une sœur jumelle appelée Narcisse naquit dans cette maison avec Mira. Pourtant, elles ne furent pas élevée ensemble. Un mystère, un secret familial entoure ces vies.
Un instant après, le miroir lui montra la scène où eut lieu la séparation : En traversant un pont, une grande vague vint soudain les submerger. C'est ainsi que Narcisse disparut, emportée par la vague, avec son couffin.
Après avoir été absorbée par ces images du passé, Mira se remit lentement de ses émotions en revenant au présent. Elle se tourna vers l'antiquaire pour demander le prix du miroir. Celui-ci, l'ayant observé, avait compris qu'il lui était destiné. Il lui répondit : pour vous, il n'a pas de prix, il n'était ici que pour attendre votre venue, je n'étais qu'un intermédiaire entre lui et vous. Il est à vous à présent.
Un peu surprise et à la fois trouvant cela étrangement naturel, Mira accepta.
Aidée du commerçant, elle chargea le miroir dans son véhicule, avec précaution et de manière à le consulter en cours de route (tout en se disant qu'un miroir n'est pas une carte routière mais ce miroir était réellement particulier !).
Elle démarra et pris la direction de la forêt domaniale située à quelques lieues. Arrivée au cœur du bois, Mira se gara.
Un instant plus tard, un oiseau vint se poser sur le bord du miroir. Puis, un écureuil descendant d'un arbre s'introduit près d'elle et grimpa sur son épaule. Ravie, Mira sourit en les regardant tour à tour.
Posant les mains sur les côtés du cadre, la jeune femme regardait le paysage, le chemin se refléter en face d'elle, quand tout se troubla et le chemin forestier qu'elle voyait dans le miroir n'était plus le même, les arbres autour n'appartenaient plus à la même essence que ceux de la forêt où elle était. Un peu surprise, puis fascinée, Mira se dit soudain que ce cadre lui faisait l'effet d'être une fenêtre sur un autre monde.
Elle reporta les yeux sur les animaux : l'oiseau et l'écureuil étaient toujours là, comme attentif à ce qu'elle allait décider de faire.
Un mouvement au-delà du miroir attira son regard : un loup, magnifique avait surgi et la fixait de ses yeux dorés. Ce fut pour elle comme un appel, comme un message sacré d'un Éclaireur.
Sans plus réfléchir, elle enjamba le cadre comme on pourrait le faire d'un rebord de fenêtre. L'oiseau et l'écureuil, satisfaits la suivirent.
Arrivée devant le loup, Mira entendit au cœur de sa tête : "Salutation à toi. Dis-moi : qu'as-tu envie de faire, là maintenant ?"
Mira sourit au loup et à la question, à la situation. Puis répondit : "Oh ! J'ai envie de courir avec toi dans cette belle forêt. Loup, apprend-moi à courir en liberté !"
Loup, lui répondit : "Tu sais, la liberté est en toi, dans ton cœur, dans ton âme..." "Mais j'accepte de t'accompagner, au gré de ton âme, de ton cœur, et courir avec toi. Sois attentive à tout ce que tu ressens, ce que tu croises, présente entièrement dans cette exploration, à la fois intérieure et extérieure."
Mira sentie la joie grandir en elle à cette perspective. Son sourire s'élargit encore, et elle s'élança !
Loup Clair s'élança avec elle puis l'Ecureuil et l'Oiseau les rejoignirent.
Quelques lieues plus loin, ils s'arrêtèrent en voyant un cheval (ses souvenirs d'équitation lui rappelèrent que sa robe était palomino, une de ses préférées). Sur ces entrefaites, l'oiseau vola jusqu'à la cavalière et se posa sur son épaule gauche (la plus proche), tout en chantant.
L'écureuil (ne voulant pas être en reste ?) grimpa sur Mira jusqu'à son épaule.
Narcisse, car la cavalière, c'était elle, sourit à Mira. Puis, elles dirent en même temps : "Oh ! Tu es ma sœur n'est-ce pas ?!"
Elles rirent en opinant et Narcisse descendit de cheval pour prendre Mira dans ses bras.